Projets Heures-Numériques 2017-2018

Retours d'expériences sur l'usage de quelques outils numériques et leurs impacts sur les apprentissages.
 

Thème : Pratiques innovantes

Description du projet :

On apprend toujours seul mais jamais sans les autres. Partant de ce principe plusieurs professeurs de sciences physiques ont expérimenté des usages différents d'outils d’écriture collaborative.

  • Préparation de travaux pratiques sur un document d’écriture collaborative commun à toute la classe.
  • Réalisation d’un espace de partage (Padlet) comportant les comptes rendus de TP numériques co-construits par différents groupes.
  • Mise en oeuvre d'un TP en coopération.

Ils vous livrent les activités qu’ils proposent à leurs classes en vous expliquant leur fonctionnement.

Au travers de leurs témoignages et de ceux de leurs élèves, découvrez les atouts de leurs pratiques innovantes et les freins qu’ils ont rencontré.

Niveaux de classes concernés : 2nd, 1ère et Terminale

Objectifs :

  • Gagner du temps en classe pour consacrer plus de temps aux manipulations et à l’accompagnement des élèves.
  • Proposer des aides et un accompagnement différencié pour le travail externalisé.
  • Améliorer la persévérance, l’estime de soi.
  • Répondre aux besoins identifiés des élèves (en classe ou hors classe en amont de la séance).
  • Favoriser l’entraide et la coopération entre élèves.
  • Travailler l’expression écrite et orale (démarches/protocoles/syntaxe).
  • Prendre en compte les DYS.
  • Développer les usages du numérique.

Les effets observés sur les apprentissages des élèves :

Augmentation du taux de préparation des TP en amont des séances.

Amélioration de la compréhension des TP.

Persévérance encouragée.

Coopération et entraide entre élèves.

La correction en classe des préparations de TP devient inutile pour beaucoup d’élèves.

Les points non maîtrisés sont repris au cas par cas durant la séance au travers d’un travail d’évaluation par groupe.

Différenciation des aides faites par le professeur.  

Travailler différentes compétences pour engager le maximum d’élèves dans la tâche demandée (y compris les moins scientifiques).

Les effets observés sur les pratiques enseignantes :

Amener l'élève à penser l’erreur comme un levier d’apprentissage.

Favoriser l’entraide, le travail entre pairs et la collaboration.

Améliorer le diagnostic et la perception des erreurs commises par les élèves.

Différenciation des aides faite par le professeur.

Développer des compétences numériques de collaboration.

#Les productions en 3 volets

Volet 1 : Dans quelle mesure l'écriture collaborative avec des outils numériques peut elle contribuer à répondre aux problèmes liés à l’externalisation du travail ?Volet 2 : Faire un TP en démarche coopérative

Volet 3 : Faire un compte rendu de TP numérique pour réviser les ECE

Volet 1 : Dans quelle mesure l'écriture collaborative avec des outils numériques peut elle contribuer à répondre aux problèmes liés à l’externalisation du travail ?

Pour préparer les séances de travaux pratiques, il est possible de proposer aux élèves de collaborer pour rédiger ensemble et à distance des propositions de protocoles, sur des espaces numériques.

Pour cela il existe des outils comme les ENT, framapad ou googledoc qui permettent de co-construire un document du type traitement de texte.

L'intérêt est de permettre aux élèves de s’entraider pour ne jamais rester bloqué dans la préparation de la tâche demandée. Ce fonctionnement a pour autre atout de ne pas pénaliser les élèves qui n’ont pas d’aide à la maison.

Infographie: cliquez sur l'image pour accéder à la version interactive

 
Les étapes :

  • Donner le sujet du TP une semaine à l’avance.
  • Partager avec les élèves un lien renvoyant sur un document d'écriture collaborative (url, Qr Code, message dans l’ENT…voir tutoriel :  ) pour co-construire leur réponse à une tâche complexe (étude théorique et élaboration de protocoles).
  • Sur la base du volontariat, les élèves peuvent proposer leurs réponses et partager leurs stratégies de résolution de problème sur ce document.
  • Les autres élèves ou le professeur peuvent modifier les réponses ou poser des questions dans un tchat (espace de commentaires).
  • La veille du TP les bonnes réponses sont validées par l’enseignant sur le document co-construit.

Exemple de Sujet de TP complet :
Etude de la cinétique chimique de la synthèse du 2-méthylpropan-2-ol ?

Document de préparation collaborative partagé avec les élèves

Les objectifs :

  • Gagner du temps en classe pour consacrer plus de temps aux manipulations et à l’accompagnement des élèves.
  • Proposer des aides et un accompagnement différencié pour le travail externalisé.
  • Améliorer la persévérance, l’estime de soi (en cas de blocage l’élève peut demander des aides au professeur ou aux autres élèves).
  • Répondre aux besoins identifiés des élèves (en classe ou hors classe en amont de la séance).
  • Favoriser l’entraide et la coopération entre élèves. Renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe.
  • Travailler l’expression écrite (démarches/protocoles/syntaxe).
  • Prendre en compte les élèves à besoins particuliers (dys…).
  • Développer les usages du numérique.

Enquête sur les usages des élèves :

D'après une enquête réalisée avec une classe de 33 élèves de TS :

52% des élèves interrogés ont un usage très régulier des documents d'écriture collaborative pour préparer leurs TP (plus de 3 fois sur 4).

45% des élèves interrogés ont un usage régulier des documents d'écriture collaborative pour préparer leurs TP (autour de 1 fois sur 2).

Seulement 3% des élèves interrogés affirment ne jamais utiliser les documents d'écriture collaborative pour préparer leurs TP ou ne préparent pas leur TP.

Parmis les élèves qui utilisent les documents d'écriture collaborative pour préparer les séances :

20% affirment collaborer à l’élaboration du document (rédaction des réponses, correction d’erreurs, réponses aux questions des autres élèves).

Environ 70% des élèves interrogés sont plutôt utilisateurs (vérification de leur travail personnel, demande d’aide sur le tchat, déblocage sur une question…).

10% ne préparent pas directement leur TP mais lisent les documents d'écriture collaborative faits par les autres avant de venir en classe.

Les plus values :

  • Les élèves peuvent s’entraider ou poser des questions à leur professeur durant une semaine via ce document en ligne.
  • De retour en classe, plus besoin de passer du temps à corriger la préparation de TP, les apprenants peuvent concentrer tous leurs efforts sur les aspects pratiques (manipulations) et sur la préparation d’une synthèse (écrite ou oral).
  • Libéré de cet exercice de correction (au tableau) l’enseignant peut passer plus de temps à répondre aux questions individuelles et à accompagner les élèves dans l’avancement de leur démarche expérimentale.
  • Souvent perçu comme une source d’inégalité scolaire très marquée socialement, le travail hors classe permet néanmoins aux élèves de se confronter à une tâche de manière individuelle. Les élèves les plus fragiles et ceux qui ne peuvent pas bénéficier d’aide chez eux manquent souvent de persévérance.
  • Ce système d’entraide via les documents d’écriture collaborative en ligne est un moyen de lutter contre les inégalités liés à l’externalisation du travail scolaire.
  • Beaucoup plus d’élèves arrivent en classe en ayant une idée du TP à réaliser et des connaissances sur le sujet étudié.

Les freins :

  • On ne sait pas vraiment qui fait le travail. Mais est-ce nécessaire ? Hors de la classe les élèves s’entraident souvent et partagent leur devoirs. Cette pratique est de plus en plus répandue notamment avec les usages des réseaux sociaux par les élèves.
  • La technique ne semble pas être un frein côté élève. Les outils d’écriture collaborative sont désormais nombreux, multiplateforme, simples à utiliser et avec une ergonomie intéressante (ENT, Framapad, Gooogledoc...). L’identification des élèves n’est pas forcément nécessaire un lien cliquable suffit (url ou Qr code) pour accéder au document partagé.
  • L'accès à internet peut être limité pour certain élèves d'où l’importance de donner le travail à l’avance pour que l’élèves puissent s'organiser en allant au CDI par exemple.
  • Certains élèves s’appuient trop sur le document collaboratif et ne fournissent pas un efforts individuel suffisant pour comprendre la tâche. Par conséquent l’enseignant doit adopter des stratégies de questionnement des élèves “en classe” pour s’assurer de la bonne compréhension de la tâche pas tous.
  • La porosité toujours accrue de la limite qui existe entre le travail en classe et en dehors du temps professionnel pour l’enseignant (et les apprenants). Il faut apprendre à gérer ce temps de travail hors de la classe.

Quelques témoignages en vidéo et en podcast:
témoignages enseignants : Sébastien Badel, Lycée Henri Laurens St Vallier (26)  
témoignages d’élèves : Océane Dylan, Léo et Brice

Volet 2 : Faire un TP en démarche coopérative

Comment consacrer plus de temps aux manipulations en classe et faire adhérer un maximum d’élèves ?

Les étapes :
Trouver un TP où des manipulations identiques peuvent se faire en divisant la classe en deux groupes (par exemple ici, vérifier la valeur de concentrations effectives en ion à l’aide de deux réactions de précipitation et d’un tableau d’avancement)
Associer un élève du groupe 1 avec un élève du groupe 2.
Faire réaliser les 2 parties de TP par les élèves de chaque groupe.
Chaque élève doit rédiger le document de TP de son groupe en double : un pour lui et un pour son binôme dans l’autre groupe.
Mettre en commun les résultats obtenus : les élèves en binôme s’échangent les résultats et discutent autour de ce qu’ils ont faits et de la façon dont ils ont obtenu leurs résultats.

Les objectifs :

  • Gagner du temps en classe pour se consacrer plus à la compréhension et à la réalisation des manipulations.
  • Créer un levier d’engagement des élèves dans les TP de science.

Les plus values :

  • Travailler pour soi et pour les autres : sentiment d’utilité, motivation supplémentaire, envie de bien faire pour ne pas pénaliser l’autre, organisation différente au sein du groupe de TP.
  • Gain de temps pour se focaliser sur une seule manipulation et son interprétation et ainsi mieux la comprendre = plus de temps pour demander des explications au professeur.
  • Apport de l’autre : découverte d’autres méthodes que la sienne, compréhension entre pairs plus aisée, mise en place de liens entre élèves qui ne se connaissent pas ou n’ont pas l’habitude de travailler ensemble.
  • Faire participer un maximum d’élèves quelque soit leur niveau.

Les freins :

  • Déstabilisant de ne faire qu’une partie du TP.
  • Sentiment de perte de temps pour les bons élèves qui doivent prendre le temps d’expliquer aux autres alors qu’ils pourraient aller plus vite seuls.
  • Difficulté pour certains à réexpliquer.
  • Si le binôme dysfonctionne, perte de temps pour les élèves.

Exemples et témoignages :

Après discussion avec les élèves ayant réalisé ce TP (35 au total), il ressort que l’ensemble a bien aimé cette façon de faire. D’abord parce qu’ils ont apprécié le fait de ne pas avoir la totalité des manipulations à faire et qu’ils pouvaient donc se consacrer pleinement à la réalisation et à la compréhension de leurs expériences, en prenant leur temps.

Ensuite parce que cela changeait de leurs TP habituels et qu’ils fallaient qu’ils s’appliquent plus que d’habitude parce qu’ils devaient rendre des comptes à quelqu’un, leur travail n’était pas que pour eux.

Deux d’entre eux ont souligné le fait que ça permettait de travailler autrement et avec des élèves avec qui ils n’avaient pas forcément l’habitude de travailler.

5 élèves ont indiqué que ça leur avait permis de découvrir une autre façon de résoudre et raisonner.

3 élèves ont également indiqué que ça permettait de faire participer tous les élèves.

2 élèves ont indiqué que la compréhension était plus facile entre pairs.

1 élève a indiqué qu’il avait eu le sentiment d’avoir perdu du temps à expliquer à son binôme alors qu’il avait l’impression qu’il aurait avancé plus vite seul.

2 élèves ont eu des difficultés à réexpliquer (l’un d’entre eux n’ayant pas compris ce qu’il avait fait).

2 élèves ont également indiqué que cela leur avait fait bizarre de ne faire qu’une partie du TP, ils avaient l’impression d’avoir peu travaillé.
Volet 3 : Faire un compte rendu de TP numérique pour réviser les ECE

Afin de mutualiser les résultats des élèves en travaux pratiques et pour garder en mémoire les techniques expérimentales, il peut être intéressant de produire des comptes rendu de TP numériques des différents Travaux Pratiques vus dans l’année.
Les étapes :

  • Etablir une liste des TP sur l’année.
  • Faire inscrire chaque binôme plusieurs fois et/ou demander aux volontaires.
  • Recueillir le compte-rendu numérique.
  • soit sous forme libre une à deux semaines après le TP.
  • soit directement en fin de TP (CR fait avec book creator sur une tablette).
  • Vérifier, corriger puis publier sur un site (book creator ou autre)  ou l’ENT à destination de toute la classe en ajoutant des commentaires ou des précisions sur les techniques ou les interprétations.
  • Conserver une trace des années précédentes pour compléter.

Les objectifs :

  • Mutualiser les comptes-rendus afin de réviser les ECE en fin d’année de Terminale.
  • Accorder de l’importance à la technique expérimentale et à la précision.
  • Favoriser la compréhension par la nécessité d’expliquer aux pairs.
  • Favoriser l'entraide par la réalisation de la vidéo en observant d’autres binômes.

Les plus values :

  • Oblige à de la réflexivité sur la tâche.
  • Oblige à du soin et de la précision.
  • Entraîne à l’expression orale.
  • Structure la démarche expérimentale.
  • Développe l’expression scientifique et améliore le langage.
  • Développe l’utilisation du numérique, et plus particulièrement la manière de filmer (cadrage, fond, luminosité, etc.) : travail de compétences supplémentaires.
  • Développe le respect des droits à l’image.
  • Permet de mobiliser la mémoire visuelle (on peut insérer des vidéos très courtes des expériences dans les CR).

Les freins :

  • Les erreurs des élèves qui ne sont pas toujours corrigeables et de fait la non publication de toutes les vidéos (mais peut-être contourné en faisant faire le CR par 2 groupes successifs).
  • Réaliser un CR en classe permet difficilement d’aller au bout du TP (la réalisation vidéo prend du temps).
  • La durée du travail maison requis (si fait à la maison).
  • Le manque d’enthousiasme et d’investissement de quelques binômes.

Un exemple en Terminal S: L'effet Doppler

Un exemple en seconde avec BookCréator: Le raisin est il mur ?

Un exemple de CR de TP code barre: Des détecteurs d'ondes dans la vie quotidienne

Enquête sur les usages des élèves :

Auteurs :
Parmentier Anne Laure Lycée du Grésivaudan
Darne Raphaëlle Lycée de l’Edit
Claret Aude Lycée Berlioz
Sébastien Badel Lycée Henri Laurens
Nicolas Vossier Lycée Henri Laurens.